La Semaine du Cinéma est une plateforme dédiée à la promotion du cinéma africain sur la scène internationale. Elle offre une opportunité précieuse aux créateurs dans un contexte africain souvent marqué par le manque de moyens et de soutien financier. Bien que de nombreux films de qualité émergent du continent, leurs auteurs peinent parfois à les faire connaître. Le festival « La Semaine du Cinéma » aspire à établir un lien fort entre créateurs, distributeurs et leur public cible.
En plus d’être un festival, La Semaine du Cinéma est un réseau d’échanges et de partage, réunissant professionnels et amateurs. À travers divers ateliers et masterclasses, le festival accompagne et informe les participants, créant ainsi un point de rencontre pour différentes professions du cinéma. Il répond à la nécessité d’un soutien réel pour le développement du secteur dans ce nouvel environnement.
La première édition de l’événement à Yaoundé, au Cameroun, a été un grand succès. Les deuxième et troisième éditions, tenues à Niamey, au Niger, ont également été très bien accueillies. Cette nouvelle édition a repris son bâton de pèlerin pour s’installer à Brazzaville pour sa quatrième édition.
Hervé Moukoko, alias HTB, réalisateur, producteur, scénariste, acteur et cofondateur avec Aziz Abderamane Sanfo de la structure Undercover Brothers Entertainment qui organise l’événement, répond à dix grandes questions essentielles sur cet événement. Chaque année, La Semaine du Cinéma s’efforce de partager une image positive de l’Afrique en proposant une alternative aux festivals traditionnels souvent très sélectifs.
10 QUESTIONS SUR LE FESTIVAL
Hervé Moukoko aka HTB Co-fondateur Undercover Brothers Entertainment
1. Comment évaluez-vous le bilan de la première édition de la Semaine du Cinéma à Yaoundé, au Cameroun ?
Hervé MOUKOKO : La première édition de la Semaine du Cinéma à Yaoundé a été très bien accueillie malgré le contexte difficile lié au COVID. Nous avons bénéficié du soutien des médias, des entreprises, des cinéastes, des collaborateurs et des partenaires, tant locaux qu’internationaux. Je tiens à les remercier chaleureusement pour leur énorme contribution. Le bilan est très positif. Malgré les défis, nous avons persévéré et tiré des leçons de nos erreurs pour améliorer l’édition de 2022 à Niamey, qui a également été une réussite grâce au soutien de nos collaborateurs, partenaires, médias et autorités locales. Je remercie également Aicha Macky, égérie de la deuxième édition, pour son rôle essentiel. La cérémonie d’ouverture a été un succès retentissant, avec une augmentation des participations aux masterclasses, l’obtention de bourses via les écoles partenaires et l’organisation de journées à thème. Pour la troisième édition, nous prévoyons de monter d’un cran pour offrir une semaine de cinéma mémorable.
2. Quelles thématiques ont été abordées lors des précédentes éditions ?
HM : La Semaine du Cinéma couvre une variété de thématiques, allant de la formation et de l’information aux rencontres entre professionnels et amateurs du 7e art. Nous nous concentrons sur l’amélioration de la qualité des productions, la création de circuits de distribution solides sur le continent et à l’international, et des journées thématiques sur des sujets tels que les violences faites aux femmes, la célébration de nos icônes et le développement d’une industrie cinématographique robuste.
3. Comment les films sont-ils sélectionnés pour être présentés lors de l’évènement ?
HM : Nous avons mis en place un comité de professionnels chargé de visionner les films soumis. La sélection se fait selon des critères bien définis pour garantir la qualité et la pertinence des œuvres présentées.
4. Quels critères utilisez-vous pour choisir les égéries de la Semaine du Cinéma ?
HM : Nous recherchons avant tout des professionnelles passionnées, qu’elles soient connues ou non. Nous sommes dans une dynamique de développement et de synergie des talents, ce qui nous conduit également à travailler avec des talents émergents pour nos égéries.
5. Quelles sont les principales difficultés rencontrées pour organiser la Semaine du Cinéma dans les différents pays d’Afrique subsaharienne ?
HM : La principale difficulté est le financement. Nous investissons d’abord nos propres fonds pour attirer des sponsors et des partenaires. Une autre difficulté réside dans l’adaptation aux spécificités culturelles, climatiques et administratives de chaque pays. Il est essentiel de gagner l’adhésion des populations locales et de s’assurer que chacun puisse y trouver son compte.
6. Comment avez-vous surmonté les obstacles financiers nécessaires à l’organisation de l’événement ?
HM : Nous avons adopté une attitude résiliente et tenace face aux obstacles. Nous explorons toutes les possibilités de financement et frappons à toutes les portes. La persévérance et l’engagement des contributeurs qui croient en notre projet ont également joué un rôle crucial dans la réalisation du festival.
7. Comment les ateliers et les masterclasses sont-ils organisés et quels sont les thèmes abordés ?
HM : Les masterclasses et ateliers commencent le lendemain de la cérémonie d’ouverture et se poursuivent jusqu’à la fin du festival. Nous recrutons des intervenants expérimentés et pédagogues pour enseigner des compétences pratiques dans divers domaines tels que la production, l’acting, l’écriture de scénarios, l’ingénierie sonore et le maquillage. Les meilleurs élèves reçoivent des bourses d’études dans nos écoles partenaires.
8. Comment avez-vous impliqué les professionnels du cinéma africain dans l’organisation de l’événement ?
HM : Nous avons déployé une campagne de communication 360° sur un an, avec divers contenus promotionnels relayés par nos médias partenaires. Nous mettons en avant les talents du continent et les avantages d’être associés à notre festival. Nous sommes également très actifs sur le terrain, en visitant différents pays pour réseauter et promouvoir le festival.
9. Quelles sont les perspectives pour la Semaine du Cinéma et comment comptez-vous développer l’événement dans les années à venir ?
HM : Nous envisageons de faire de la Semaine du Cinéma une institution incontournable et un tremplin pour les talents africains. Nous voulons faciliter les productions locales, créer un circuit de distribution solide, et encourager la production de contenus de qualité consommés tant en Afrique qu’à l’international. Nous aspirons à créer des studios de cinéma et de télévision de grande envergure et à offrir plus de bourses de formation dans divers domaines.
10. Comment voyez-vous l’impact de la Semaine du Cinéma sur l’industrie cinématographique en Afrique subsaharienne ?
HM : Les médias jouent un rôle crucial dans le succès du festival et la promotion de l’industrie cinématographique. Les initiatives de renforcement des capacités, telles que les masterclasses et les bourses de formation, développent les compétences des professionnels et encouragent la création de contenus de haute qualité. Le soutien du public est également essentiel pour la croissance et le développement du festival. Plus il y aura de talents formés et qualifiés, plus l’industrie cinématographique africaine pourra rivaliser avec les industries mondiales.
Interview réalisé par Armand OSSEY