De jeunes artistes originaires de l’Afrique, en particulier du Congo, font fureur en France. La musique afro a fait d’eux des produits remarquables à tel point que la pop urbaine française s’en est imprégné.
Le terme “afrobeat”, créé il y a quarante ans, désigne un genre musical à part entière. Résultat du travail acharné de Fela Anikulapo-Kuti à la tête de son premier groupe, Koola Lobitos, rebaptisé Africa 70 en 1970, cette fusion de rythmes yoruba, de funk, de jazz et autres éléments musicaux spécifiques rayonne aujourd’hui bien au-delà du Nigeria.
L’afrobeat est une musique à danser qui reflète les valeurs de la culture africaine dans toute sa forme. Elle évolue de plus en plus en s’appropriant peu à peu toutes les anciennes formes musicales de l’Afrique. En 1997 la mort de Fela déclenche intérêt et engouement pour cette musique considérée comme moderne et sera peu de temps après le symbole de l’émancipation culturelle africaine. En quelques années, l’afrobeat a atteint une dimension universelle qui le distingue de la multitude des styles et courants apparus dans le champ des musiques populaires.
Aujourd’hui, ce genre musicale s’est imposé dans l’univers de la musique française avec toujours ce groove unique, ce mix de frénésie et de puissance qui lui donne son caractère unique. L’afrobeat est, en ce moment, l’un des rares genres pouvant regrouper des artistes de cultures et de styles complètements diffèrent tout en donnant un résultat, sur le fond et la forme, de grandes qualités. On en a eu doublement la preuve avec le feat de Fally Ipupa avec le rappeur français Booba dans Kiname.
En France comme à international, l’afrobeat fait aussi ses preuves avec une présence régulière dans toutes les récompenses de la musique à travers le monde. La preuve avec les NMA (NRJ musique Awards) qui ont vue rayonné deux artistes africains : Soprano révélation international et Dadju révélation francophone. Sans oublié les artistes qui ont tout au long de l’année façonné la musique urbaine française avec l’afrobeat 2.0 qu’on appelle désormais afro-trap. Aujourd’hui dans ces ténors de l’afro-trap figure le jeune rappeur MHD qui a joué un rôle important dans la popularisation de ce style avec ses célèbres singles Afrotrap en 10 parties. Il est aussi important de souligner que si cette musique a réussi à s’imposer et à transformer la musique urbaine français c’est aussi grâce à un certain Gandy Djuna plus sous le nom de maitre Gims il a pris d’assaut la pop urbaine, l’as mis
à sa sauce, et en moins de deux ans, il est devenu l’un des artistes les plus importants de la scène musicale française. Mais comme tout courant musical, l’afro-trap a ses codes qui se sont, eux aussi, adaptés à la réalité du rap français. Selon Philo Moanda : « Tous les jeunes africains des cités qui font du rap savent qu’ils ne sont pas des Américains. Ils grandissent dans cette culture africaine qui prend par les tripes ». Pour rappel Philo Moanda est directeur du grand label musical Bomayé dont est issue le rappeur Youssoupha, fils du défunt roi de la rumba congolaise Tabu Ley Rochereau.
Cette musique évidement puisée dans le patrimoine culturel africain avait déjà frappé le rap français. Dans l’année 1999 « Biso Na Bisso » le collectif de rap français, dont les membres sont originaires de la république du Congo, avait déjà amorcé un processus qu’il appelait « congolisation du rap français ». 19 ans plus tard c’est une nouvelle génération de rappeur qui prouvent que ce genre continue d’évoluer et qu’il est capable de toucher un public multi-culturel.
Mais il ne faut pas voir ce phénomène comme une revendication ou un sentiment d’appartenance à travers ces mots souvent utilisé comme « shégué » qui veut dire enfant de la rue, « niama » animal ou encore « ndeko » mon frère mais plus concevoir ce concept comme une volonté de laisser une empreinte plus personnelle et plus subtile dans la musique urbaine française.
Edouard Berenger Gning