Dans l’univers du cinéma engagé, Sanjon Chivazz Ceebor-G se distingue par son approche réaliste et sa capacité à aborder des sujets de société avec profondeur et sensibilité. Réalisateur aux multiples facettes, il s’est engagé dans des projets qui touchent à des questions sociales fortes, notamment sur les violences faites aux femmes. Son dernier court-métrage, Derrière les Murs, est une collaboration avec Lily Paulson, fondatrice de l’association Stop à la Violence Conjugale, et explore le parcours de Divine, une femme prisonnière de ses propres contradictions et d’une relation toxique. Ce film, tourné en août 2024 et présenté au cinéma Lincoln de Paris, a touché le public par sa justesse et son authenticité.
« Le réalisateur Chivazz Ceebor-G aux côtés de l’affiche de son nouveau court-métrage lors de l’avant-première, le samedi 26 octobre 2024, au cinéma Lincoln sur les Champs-Élysées à Paris. »
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Pourriez-vous nous parler un peu de vous et de votre parcours en tant que réalisateur, et de ce qui vous motive à traiter des sujets sociaux dans vos films ?
Je m’appelle Sandjon Didier, connu sur le nom de Chivazz Ceebor-G. Né et grandi à Tongolo, Yaoundé au Cameroun, j’ai toujours été passionné de cinéma. Ma première immersion dans le domaine a eu lieu en Belgique, aux côtés du producteur congolais Thierry Luse, avec qui j’ai réalisé mes premiers films. En autodidacte, j’ai développé mes compétences en écriture de scénarios et en réalisation. Mon premier film, Les Revers des Sentiments, date de 2014, suivi de 5 Imbéciles, diffusé sur Canal+ Afrique. Ces expériences m’ont permis de me perfectionner, notamment en suivant la formation de Françoise Ellong, l’une des meilleures scénaristes et réalisatrices d’Afrique. J’ai toujours voulu aborder des sujets sensibles inspirés par mes expériences personnelles, notamment à travers mon dernier court-métrage Derrière les Murs, qui s’inspire de la vie de la promotrice culturelle camerounaise Lily Paulson.
Qu’est-ce qui vous a particulièrement touché dans l’histoire personnelle de Lily Paulson pour que vous choisissiez d’en faire le sujet central de ce court-métrage ?
Ce qui m’a touché, c’est la force de Lily à se relever malgré les séquelles profondes de sa relation toxique, où elle subissait des violences physiques et psychologiques. Sa décision de fonder une association pour sensibiliser à ce fléau m’a inspiré. J’ai vu en elle le courage de nos mères, sœurs, filles, qui subissent en silence.
Comment avez-vous travaillé pour rendre l’histoire de Divine aussi authentique, tout en intégrant une part de fiction ?
Pour le scénario, j’ai effectué des recherches sur les violences conjugales et discuté avec Lily Paulson. Ces éléments m’ont permis de construire une histoire inspirée de faits réels, complétée par des ajouts fictifs pour renforcer l’aspect dramatique.
« Chivazz Ceebor-G aux côtés de Lily Paulson, qui a inspiré le film et incarné le rôle principal de ‘Divine’, lors de l’avant-première le 26 octobre 2024. »
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Quels ont été les défis principaux lors de l’écriture et de la mise en scène d’un sujet aussi délicat que les violences conjugales dans un format court-métrage ?
Le principal défi a été de transmettre une compréhension et une émotion profonde dans un format court. Deux mois ont été nécessaires pour aboutir à un scénario abouti, avec des acteurs capables d’incarner les personnages avec authenticité.
Le casting est composé d’acteurs peu connus. Quelles qualités recherchiez-vous chez les interprètes pour un sujet aussi émotionnel et intime ?
Le choix des acteurs était crucial. ABDOUL NAMBAL, pour le rôle du mari violent, et les interprètes féminines proposées par Lily Paulson ont tous contribué à l’authenticité émotionnelle que je recherchais.
Comment s’est déroulée l’avant-première au cinéma Lincoln ? Quels retours avez-vous reçus du public et de la presse ?
L’avant-première au cinéma Lincoln, le 26 octobre, a été marquée par une émotion palpable. Les retours étaient à 90 % positifs, une reconnaissance précieuse pour l’équipe.
« Les spectateurs ont été profondément émus par le film. Au premier rang, tous les acteurs découvrent leur œuvre avec une grande concentration. »
En présentant ce film dans des festivals et à des associations, quel message espérez-vous transmettre aux victimes de violences conjugales et au grand public ?
J’espère que ce film fera écho aux souffrances des victimes, inspirant courage et incitant le public à ouvrir les yeux sur la réalité des violences domestiques.
Enfin, quels conseils donneriez-vous aux réalisateurs qui souhaitent aborder des sujets aussi sensibles, mais qui hésitent par crainte de mal les traiter ?
Je conseille aux réalisateurs de s’imprégner profondément de leur sujet, de consulter des victimes et des spécialistes. Le cinéma est un outil puissant pour aborder des réalités difficiles et il faut persévérer malgré la complexité.
Chivazz Ceeborg-G signe ici une œuvre forte qui interpelle, tout en sensibilisant le public à la dure réalité des violences conjugales. Derrière les Murs est plus qu’un simple court-métrage : c’est un appel à la prise de conscience et au dialogue, dans l’espoir d’encourager les victimes à se libérer du silence. À travers son approche humaine et sa volonté de rester fidèle aux récits réels, le réalisateur ouvre un espace de discussion et d’empathie, rendant ainsi son œuvre essentielle pour la sensibilisation à ce fléau social.