Jusqu’au 14 juillet 2018 la Fondation Louis Vuitton retrace le parcours de Jean Michel Basquiat, figure incontournable du street art. L’exposition regroupe près de 120 œuvres phares de ses huit années de carrière.
Né à Brooklyn en 1960, Américain d’origine portoricaine et haïtienne, Jean Michel Basquiat a connu une ascension sociale importante dans le milieu de l’Art. Figure emblématique de l’afro-américanisme dans le monde artistique, Basquiat a su élever le street art au rang des beaux-arts. D’après Michel Huridsany, écrivain et critique d’art, « Basquiat a choisi d’être Noir parce qu’il n’y a rien de pire que d’être métis. On le considère comme un traître chez les Blancs et les Noirs. Il choisit donc sa communauté et se dit : je vais être le premier grand artiste Noir ». Il est passé de l’anonymat à la célébrité, de la marginalité à la renaissance sociale et artistique, malgré son appartenance à une minorité ethnique qui le maintenait, de fait, dans une ségrégation. L’acuité de son regard, la fréquentation de musées ainsi que la lecture de nombreux ouvrages (EXEMPLES) ont nourri sa culture. Dès l’âge de 16 ans, Basquiat couvre les murs de Lower East Side de textes énigmatiques signés SAMO, signifiant Same old shit. Par ces tags, Basquiat exprime principalement une critique acerbe des milieux artistiques et de leur aspiration à la réussite sociale. L’artiste cherche à tirer parti du relatif intérêt que ses graffitis peuvent susciter dans les médias américains. Ainsi, il donne des d’interviews et fait des efforts pour approcher les représentants de « l’art légitime » qui fréquenteNT le Lower Manhattan. Deux galeristes le remarquent et vont lancer sa carrière de peintre. Les œuvres de Basquiat ont récemment dépassé les 10 millions de dollars aux enchères. Basquiat n’en profitera guère : il décède d’une OD à 27 ans. Avec plus de 800 tzbleaux et 1500 dessins, Basquiat a atteint la consécration mondiale, presque miraculeusement puisqu’il ne l’a ni voulu, ni cherché.
Basquiat, « un artiste primitif »
L’exposition évoque le parcours de Basquiat, de la discrimination, d’où la violence de certains tableaux. Pour combler l’absence des artistes noirs dans les musées américains, le peintre se fixe pour objectif une quête identitaire placée sous le signe de la négritude. Sa haine pour le racisme nourrit ses œuvres parfois sombres et angoissées. Dans une interview, Basquiat dénonce même les critiques d’art de l’époque en les traitant de racistes : « Ils me voient comme un jeune sauvage, un homme singes, des conneries comme ça. Cette intensité fait de moi un artiste primitif. J’ai souvent réfléchi à ma place et celles des Noirs dans ce monde », une réflexion qu’il retranscrit dans une de ses peintures en représentant la statue de la liberté en un homme noir. La peinture de Basquiat est récurrente. D’abord, elle présente une certaine désinvolture, plutôt choquante, qui semble revendiquer un droit à l’inachèvement, au bâclé. Ces signes mal tracés, barrés, accumulés sans ordre apparent, et surchargés de traits, s’opposent à toute idéalisation. Tout contribue à une impression d’indifférence à l’esthétisme et semble bafouer l’exigence de fini artistique. Ses œuvres peuvent-être considérées comme des « anti-peinture », parce qu’elles refusent de donner ce que l’on demande à la peinture : d’être à la fois la figuration de la scène ou de l’objet. Basquiat, c’est aussi de la « Bad painting » : une vision assez dégradée de la condition moderne de l’homme. Les peintures, si elles peuvent surprendre, ne repoussent pas, ne rejettent pas le spectateur et ne suscitent ni répulsion, ni effroi. Basquiat n’a pas hésité à s’inspirer de certains évènements de sa vie. Par exemple, la toile « Cassius clay » marque son appartenance au monde la boxe où il réduit le célèbre Mohamed Ali à un vulgaire graffiti. Aussi, au début des années 1980, alors qu’il était en couple, Basquiat aurait eu une liaison avec la chanteuse Madonna. Un soir, les deux femmes finissent par se battre. Ce scénario lui inspire une œuvre. Il retranscrit la violence de la scène de façon naïve et enfantine dans « A panel of expert » en 1982. Au cours de sa carrière, il est souvent amené à travailler avec Andy Wharol. Les deux hommes s’estimaient beaucoup mais Wharol répétait avec récurrence : « Attention, c’est un drogué », une caractéristique qui retranscrit dans l’urgence et l’intensité de sa peinture. La rapidité et la simplicité de son geste artistique était aussi dû à l’illégalité de son art : souvent poursuivi par les policiers dans les rues de Brooklyn, il avait rarement le temps d’achever ses tags. L’abstraction de son style peut aussi faire écho aux poèmes d’Arthur Rimbaud, qui lui aussi était animé par la drogue, notamment l’opium.
Cette exposition l’aura prouvé, Basquiat est bien un artiste intemporel. 30 ans après sa mort, il reste indissociable du monde de l’Art et ses œuvres ne finissent pas d’influencer les générations.
Edouard Eding Beranger
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It was written Basquiat has paint like no one ever did but unfortunately some people benefit from his naivety and claim his painting.#wadayanceMAG #WAKANDA